samedi 30 novembre 2013

Histoire et introduction

Introduction 

Ce 25 octobre 2013, à 16 h 20 précise, François de Lorraine, prince de Joinville, duc d'Aumale et de Guise « dit le balafré » faisait sa joyeuse entrée en Cité ardente et plus précisément en Outre Meuse, dans les ateliers de Conservation – restauration d’œuvres d’art de l’École Supérieure des Arts St Luc, situés dans l’ancienne caserne Fonck (quoi de plus normal pour un Lieutenant Général !…) Cet évènement, dernier en date d’une histoire mouvementée, débute par un fait d’arme, mémorable pour l’histoire de France en général et celle de Calais plus particulièrement.

 Quelques jalons 

Le 1er janvier 1558, à la tête de vingt mille hommes, le Duc de Guise investissait Calais, mettant un terme à deux siècles d’occupation anglaise sur le continent et le Royaume de France. Pour ce qui est de la polémologie stricte de cet évènement particulier, nous préférons vous inviter à consulter les nombreux ouvrages traitant de cet épisode de l'histoire de France. 

Genèse de l’œuvre

En 1833, le roi Louis-Philippe fait concevoir et réaliser les « galeries historiques » dans le château de Versailles. Parmi ces galeries historiques, celle consacrée aux batailles est la plus grande. Occupant tout l’étage de l’aile sud du château de Versailles, elle abrite une trentaine de toile monumentale représentant les grandes batailles de l’histoire de France depuis l’époque Mérovingienne (Tolbiac en 496) jusqu’à la bataille de Wagram (1809).
 Les quatre plus grands tableaux sont des commandes des régimes précédents, l’Empire - Austerlitz de Gérard - et la Restauration - l’Entrée d’Henri IV à Paris de Gérard, Bouvines et Fontenoy d’Horace Vernet. Tous les autres ont été réalisés pour la galerie entre 1834 et 1845 par les peintres d’histoire du moment, Alaux, Bouchot, Couder, Delacroix, E. Devéria, Féron, Fragonard fils, Franque, Heim, Larivière, Mauzaisse, Picot, les frères Scheffer, Schnetz, Schopin, Steuben et H. Vernet.
En 1838 le peintre François-Edouard Picot reçoit commande d’une toile de 465 cm x 543 cm représentant « la prise de Calais par le Duc de Guise ». 

Plan de la galerie des batailles (la prise de Calais est le n°67)
Galerie des batailles le 25/09/2008
Inauguration de la galerie des batailles le 10/06/1837 par Louis-Philippe
A ce stade de nos recherches, nous ignorons encore quelles ont été les modalités de cette commande et comment, selon quels critères, François-Edouard Picot fut sélectionné pour cette réalisation.







Picot nait à Partis, le 17/10/1786 où il décède le 15/03/1868. Il réalise l’original du tableau « la prise de Calais par le Duc de Guise » en 1838,soit un an après l’inauguration de la galerie des batailles. Ici encore, nous ne disposons pas encore des esquisses, documents préparatoires, notes, courriers, soumissions etc. 

Le 17 janvier 1851, le Ministre de l’Intérieur Pierre-Jules Baroche (1802-1870), par l’entremise de son chef de Bureau Mr Méry adresse un courrier à Mr Nicolas Legros Dévot (1803-1854), Maire de Calais de 1842 à 1848, Conseiller général et député du Pas-de-Calais de 1849 à 1851. Dans ce courrier, le Ministre lui annonce qu’il a décidé qu’une copie de l’œuvre de Picot sera effectuée aux frais de son département (5ème division Beaux-Arts). Dans ce courrier, il est stipulé que le nom de l’artiste sera transmis à M. Legros dès que le Ministre l’aura désigné (sur quels critères ?) et l’on apprend également que cette décision est une réponse à une demande du Maire de Calais (courrier manquant).
Dans un courrier daté du 03 février 1851, M Legros, devenu député du Pas-de-Calais à Paris envoie à son successeur Edouard MAYER Maire de Calais, une lettre qui nous apprend que cette demande daterait de 1845 « au moins », date à laquelle M Legros était Maire de la ville. On sait également que le montant dévolu à la réalisation de la copie est de 1500 francs et qu’il appartient ou Maire de décider s’il souhaite que la copie soit de dimensions réduites ou pas. Le 05 février 1851 le Maire M. Mayer répond à M Legros 
« …quant à la dimension qu’il serait convenable de donner à la copie qui nous est destinée, je crois devoir la baser sur l’emplacement des panneaux de droite ou de gauche de la porte d’entrée du grand salon où j’ai l’intention de faire placer cette copie en conséquence il serait à désirer qu’elle ne dépassât pas en largeur 2m45cm quant à la hauteur, elle peut s’élever jusqu’à 3m. Il est bien entendu que cette largeur de 2m45cm  ne devrait être adaptée qu’autant qu’elle ne nuirait en rien à l’effet du tableau ».
Le 19 février 1851 un autre échange de courrier semble avoir eu lieu (pièce absente) car le 23 février 1851, le Maire de Calais écrit « en réponse » « dans votre lettre du 19 de ce mois, vous avez bien voulu me donner les dimensions du tableau « la prise de calais ». Les dimensions étant trop considérables pour que la copie de ce tableau que ( ?) le ministre de l’intérieur a sur votre demande accordée à la ville de Calais puisse être placée à l'hôtel de ville. Elle devra nécessairement être déposée au musée. Les dimensions du tableau peuvent donc sans inconvénient être données à la copie. Veuillez donner à cet égard à M le directeur des Beaux-Arts toutes les indications que vous jugez convenables ».
Entre le 23 février 1851 et le 03 avril 1852 soit un an, il ne semble pas avoir d’échanges épistolaires entre le maire de Calais M Mayer, le député M Legros Dévot le chef de cabinet M Méry, le Ministre de l’Intérieur M P-J Baroche et le Directeur des Beaux-Arts. Le 03 avril 1852, soit 14 mois après que les dimensions de l’œuvre aient été arrêtées, le maire écrit au Ministre de l’Intérieur « j’ai l’honneur de vous informer que le tableau représentant la prise de Calais par le duc de Guise que votre ministère a accordé à la ville de Calais vient de nous parvenir », mais, que les finances municipales ne lui permettent pas de s’acquitter des frais d’encadrement, de transport et d’emballage (766,53 francs). Si le ministère ne peut prendre à sa charge le montant couvrant l’encadrement et l’emballage soit (715,63 francs), la ville de Calais serait au regret de devoir renoncer à ce don.
Le 26 octobre 1852, le Ministre répond que seuls les frais de transports seront à charge de la commune de Calais (soit 50,90 francs). Certaines pièces semblent manquer dans ces échanges de correspondances car finalement, il semblerait que la commune ait pris à sa charge les frais d’emballage et de transport et que le Ministère s’est acquitté des frais d’encadrement. Le directeur des Beaux-Arts écrit « j’ai donc décidé que je prendrais seulement à la charge de mes crédits les frais d’encadrement s’élevant à 552,72 francs du tableau dont il s’agit. Le commissionnaire de roulage vient d’être invité à vous faire la remise de ce tableau contre le paiement de la somme de 213,81 francs, frais d’emballage et de transport ». Il semble donc y avoir eu un autre arrangement ultérieurement au courrier du Ministère de l’Intérieur.
Le 27 octobre 1852, le Maire remercie le Préfet et lui demande de prélever la dépense sur le crédit des dépenses imprévues. Il semblerait (selon les notes « anonymes » et copies de retranscriptions) que la ville de Calais est « dépositaire » d’un tableau appartenant à l’état. (Les dons faits par l’état aux musées, bibliothèques ne le sont qu’à titre précaire), la ville est responsable de sa sauvegarde et de son entretien, elle ne peut s’en dé-saisir sans autorisation des ministères. 
Le 09 juillet 1895, un rapport du registre aux délibérations de la Commission administrative du musée nous informe que le tableau « la reprise de Calais par le duc de Guise » est conservé en l’église Notre-Dame. »
Église Notre-Dame de Calais.

Aucun document ou procès-verbal de discussion ne mentionne le transfert du tableau (dans le grand salon, au musée, à l’église ?).  On sait cependant que l’ancien musée de Calais a été réaménagé en 1879, que le nouveau musée a été ouvert en 1892. Est-ce durant ce laps de temps que pour diverses raisons, le tableau a été mis en dépôt à l’église Notre-Dame ? Un autre rapport des délibérations de la commission administrative du musée, daté de la séance du 4 février 1896 mentionne : « "Le secrétaire appelle l’attention de ses collègues sur la copie du tableau du Picot par Villeneuve » prise de Calais ». Ce tableau est propriété du musée et a été cédé en dépôt à l’église Notre-Dame ou il figure dans la nef du parvis de St-Pierre ». « Des éclats de plâtre sont tombés derrière cette toile et en ont endommagé la partie inférieure. La Commission ne pouvant se désintéresser des soins qui doivent être apportés à sa conservation, M Charles Wiart (conservateur du Musée) est désigné pour voir M. Vilain, notre collègue et aussi membre de fabrique. Il s’entendra avec lui afin d’arrêter les dégâts existants et d’isoler cette toile à une certaine distance des murs de manière à la préserver de nouveaux accidents.
En 1897 toujours, un inventaire du musée est dressé par le conservateur M Wiart. Le tableau figure au catalogue. Sa description est suivie de l’annotation : « Ce tableau, en raison de ses dimensions, a été placé dans le transept de gauche de l’église Notre-Dame ».
Durant les 24 années qui suivent, aucune trace documentaire n’est versée au dossier du suivi de cette œuvre. Il faut attendre le 22 Novembre 1923 pour lire un courrier de la sous-préfecture de Boulogne-sur-Mer, département Antiquités et objets d’arts pour lire « Monsieur le Maire de Calais, La partie Nord du transept de l’église NOTRE-DAME de Calais était ornée, avant la guerre d’un tableau représentant la reprise de la ville de Calais. Ce tableau a été déposé pendant les hostilités et se trouve aujourd’hui dans les sous-sols de l’hôtel de ville. Le moment paraissant venu de le remettre en place, je vous prie de vouloir bien, à la demande de M. le Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, ordonner les mesures nécessaires à cet effet, et m’en tenir informé ». 
Signé : Le Sous-Préfet
Le 19 mars 1924, un courrier du Maire de Calais adressé au Sous-Préfet de Boulogne-sur-Mer, donne suite au précédent échange : « Monsieur le sous-préfet, Par votre lettre du 22 novembre 1923, vous m’avez, à la demande de Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-Arts, prié d’ordonner les mesures nécessaires à la remise en place d’un grand tableau représentant « la reprise de calais en 1558 », tableau qui ornait autrefois la partie Nord du transept de l’église Notre-Dame. Contrairement à ce que vous pensiez, ce tableau n’avait pas été déposé dans les sous-sols de l’Hôtel de Ville, mais bien dans la salle provisoire des mariages, qui servait également aux réunions du conseil municipal, et j’ai été amené, il y a quelques jours, à le faire déplacer pour permettre la continuation des travaux entrepris dans cette salle. Les recherches que j’ai faites aux archives municipales m’ont permis d’établir, sans contestation possible, que « la reprise de Calais », copie du tableau de Picot qui se trouve à Versailles, a été l’objet d’un don de l’état à la Ville de Calais. La marie de Calais a accepté cette donation, la ville a payé les frais d’emballage et le transport, le Ministère de l’Instruction Publique gardant à sa charge les frais d’encadrement. La ville est donc dépositaire dudit tableau ; elle est responsable de sa sauvegarde et de son entretien."
Cependant, cette œuvre d’art étant de dimensions exceptionnelles, elle fut d’abord déposée au Musée de Calais, puis, dans l’église Notre-Dame, bien que son caractère purement militaire et profane ne semblât pas la désigner pour être placée dans une église. Le fait que l’on mit ce tableau dans la partie Nord du transept entraîna, par suite de l’humidité, certaines détériorations dont, en 1896, la Commission du Musée se plaignit. A l’heure actuelle, il a été remis en bon état. Je consens qu’il soit réinstallé à l’église Notre-Dame, et je fais part de cette décision à Monsieur le Chanoine Occre, Archiprêtre de cette Église, mais il reste bien entendu : 
1° Que ce tableau, donné par l’État à la Ville de Calais, est et reste la propriété de cette ville et que son placement à l’Église Notre-Dame doit être considérée comme un simple dépôt ; 
2° Qu’il sera installé, non plus dans la partie Nord, mais dans la partie Sud du transept, de manière à éviter les inconvénients signalés ci-dessus. » 
Signé/ Le Maire
Le 20 Mars 1924, Le Maire de Calais écrit à Monsieur le Chanoine Occre, Archiprêtre de Notre-Dame de Calais : « Monsieur l’Archiprêtre, Comme suite aux démarches que vous avez bien voulu faire auprès de mon Administration, j’ai l’honneur de vous informer que j’ai décidé de vous accorder satisfaction en autorisant le replacement du tableau « la reprise de Calais » dans l’église Notre-Dame. Toutefois, ce tableau ayant fait l’objet d’un don de l’État à la Ville de Calais et étant, par conséquent, sans contestation possible, propriété de la Ville, je tiens à bien spécifier qu’il s’agit là d’un simple dépôt effectué à titre précaire, l’Administration municipale conservant toujours le droit de reprendre ce tableau au moment qu’elle choisirait. D’autre part, et pour éviter les inconvénients qui, dans le passé, ont résulté du fait que ledit tableau était placé dans la partie Nord du transept, je vous serais reconnaissant de donner les instructions pour que sa nouvelle installation soit prévue sur le mur Sud du transept. Comme vous pourrez le constater, cette œuvre d’art vous est remise en bon état, et je compte que vous voudrez bien en assurer la conservation parfaite. Veuillez agréer, Monsieur l’Archiprêtre, l’expression de mes sentiments respectueux ». Signé : le Maire. 

En 1989 M. Georges WIART, publie un article dans les « dossiers de l’Histoire Calaisienne » (juin 1982, n°40). (…) Cette copie (œuvre en question) fut offerte par le Gouvernement au Musée de Calais. A son arrivée, on constata que ses dimensions (4,58 m de hauteur et 4,42 m de largeur) ne permettaient pas sa mise en place dans le Musée de la Place d’Armes. Le seul édifice susceptible de l’accueillir était l’Église Notre-Dame. Considérant que le sujet belliqueux du tableau ne s’accordait guère avec un édifice religieux, on justifia sa présence en ce saint lieu par la mise en place d’un cartouche portant l’inscription suivante : « Sous le règne de Henri II le VII janvier 1558, les troupes françaises commandées par François de Lorraine, Duc de Guise reprennent Calais sur les Anglais et conservent cette Ville au Catholicisme » L’article de cet historien local (Mr WIART) nous apprend un peu plus sur l’œuvre dans l’intervalle où les documents écrits manquent. Il nous dit : « Survint la Grande Guerre. Pendant les premières années d’hostilités, aucune précaution particulière ne fut envisagée pour mettre à l’abri les trésors de cette église. Ce n’est qu’en 1918 (…) à la suite des dégâts subis par l’édifice au cours des bombardements, que Monsieur PAQUET, Architecte en chef des Monuments Historiques, se rendit à Calais et visita l’église Notre-Dame. (…) Il décida le transfert des tableaux dans le nouvel Hôtel-de-Ville. L’ouvrage de Messieurs CHATELLE et TISSON « Calais pendant la Grande-Guerre » indique que les tableaux furent entreposés dans les caves. Ce ne fut pas toutefois le cas du tableau de la Reprise de Calais dont les dimensions n’étaient pas compatibles avec les accès au sous-sol. Il fut placé dans la Salle des Commissions qui servait alors aux réunions du Conseil Municipal. Au cours d’une séance, l’un des édiles recula un peu trop brusquement son siège et creva le bas du tableau. Cet incident ne fut guère ébruité, et la discrétion des membres de la Municipalité maintint le collègue maladroit dans l’anonymat. (…) ». « En 1923, on rapporta le tableau à l’église Notre-Dame. Au lieu de le replacer dans le transept Nord (transept Saint-Pierre), on le replaça dans le transept Sud (transept Saint-Jacques) considérant qu’il y serait mieux éclairé par la grande verrière. Pour des raisons que j’ignore, l’inscription citée plus haut ne fut pas remise sous le tableau ». En 1939, dès la déclaration de la deuxième guerre mondiale, grâce à l’initiative de Monsieur René BERTRAND, représentant des Monuments Historiques de Calais, des dispositions furent immédiatement prises pour assurer la protection (…) Les bombardements par avions et par artillerie qui se succédèrent les 24, 25 et 26 Mai 1940 entraînèrent l’anéantissement de CALAIS-NORD.
Église Notre-Dame de Calais après les bombardements.
Le musée Place d’armes fut incendié puis détruit. Plus de 300 peintures disparaissent parmi lesquelles des œuvres de Poussin, de Van Dyck, de Lebrun…., mais l’Église Notre-Dame ne fut que partiellement endommagée. Dans le rapport qu’il présenta le 3 juillet 1941, à la Séance des Monuments Historiques à ARRAS, Monsieur BERTRAND décrivit l’état de l’Église Notre-Dame, suivant ses constatations au cours de visites effectuées entre le 15 et le 31 Mai 1941. L'essentiel des dommages que subit l'édifice datent du 26 septembre 1944.

Ce rapport précisait ce qui suit pour le transept Saint-Jacques : « La verrière du transept est complètement ruinée. Le Christ en bois du Calvaire, installé dans ce transept est toujours en bon état, ainsi que le grand tableau de la Reprise de Calais par le Duc de Guise, peint par VILLENEUVE d’après PICOT. » A la suite de ce rapport, la Commission des Monuments Historiques estima qu’il convenait de procéder à l’enlèvement de toutes les œuvres d’art subsistant encore dans l’église : c’est ainsi que le tableau de VILLENEUVE fut évacué en même temps que les magnifiques grilles de fer forgé formant clôture du chœur ». (Nous ignorons encore l’endroit de cette évacuation) Après la libération, il ne pouvait être question de réintégrer le tableau dans l’église Notre-Dame en ruines. Il fut décidé de le faire revenir à l’Hôtel-de-Ville. La paroi du vestibule située en face du Bureau d’Etat-Civil parut un emplacement convenable. Toutefois, si la hauteur sous plafond correspondait exactement à celle du tableau, il n’en était pas de même de la largeur disponible entre pilastres. Une bande d’environ quatre-vingt-dix centimètres fut supprimée de chaque côté, faisant ainsi disparaître un cavalier sur la gauche et deux soldats sur la droite. L’évènement qui semble justifier la parution de cet article en juin 1982 est le suivant (…) « La presse locale nous a appris que le tableau « la reprise de Calais par le Duc de Guise », placé au pied de l’escalier d’honneur de l’Hôtel-de-Ville, face aux bureaux d’état-civil, avait été lacéré au cours de l’émission des JEUX DE VINGT HEURES-FR3. Le 03 octobre 1989, un constat d’état de l’œuvre de VILLENEUVE a été dressé par Mme Odile CORTET du S.R.M.C.C (Service de Restauration des Musées du Calais –Cambrésis ?). 

mardi 26 novembre 2013

La joyeuse entrée du Duc de Guise en Cité Ardente


Musée des Beaux-Arts de Calais
PROLOGUE:
Durant l'été 2013, Monsieur Darré, président de l'Association pour la Mise en Valeur du Patrimoine Architectural du Calaisis (AMVPAC), nous contactait afin d'envisager la restauration d'un tableau historique figurant la "re" prise de Calais par le Duc de Guise.  Après quelques échanges téléphoniques et mails, nous avons programmé une visite in situ à Calais.  Le 20 aout, nous avons été accueillis par Mme Haffringues du Musée des Beaux-Arts et M. Darré de l'AMVPAC, dans les sous-sols du Musée, 25 rue Richelieu. Nous avons eu accès à l’œuvre.  Celle-ci, très fragmentaire ne possédait plus ni cadre ni châssis.  Les éléments, entreposés dans des caisses, n'ont pas pu, à ce stade, être évalués précisément.  L'état de conservation du support était suffisamment explicite que pour imaginer l'état de l'ensemble .  
Situation de l’œuvre en aout 2013
A
u vu de ce qui nous était présenté, nous avons estimé que tans le type que le nombre et l'ampleur des altérations représentaient un réel intérêt pédagogique pour les étudiants de Conservation-restauration. Nous avons dès lors manifesté notre intérêt pour la prise en charge et le traitement de l’œuvre.  S’ensuivirent divers échanges de courriers afin de finaliser un accord sur la prise en charge de cette œuvre (délais, participation matérielle, financière et transports).
Le tableau convoyé par deux membres du Lion's Club de Calais
L'équipe qui se chargea de monter le tableau dans les ateliers




CHAPITRE I : L’ARRIVÉE
Le 25 octobre dernier arrivait à Liège le tableau de Villeneuve, copie de l’œuvre de Picot.  Convoyée jusqu'à l’École Supérieure des Arts (ESA) St Luc par deux membres du Lion's Club de Calais, (club dont le nom est justement celui du Duc de Guise).  Le tableau, emballée dans deux caisses préparées par les soins du Musée des Beaux-Arts a été réceptionnée à Liège.  Les fragments de la toile étaient empilés superposés, des feuilles de papier de soie isolant les différents éléments les uns des autres. 
Mode "brancardier" activé.
Ces caisses ont été transportées par les étudiants de seconde et de troisième baccalauréat dans les ateliers de Conservation - restauration de peinture.

Déballage et assemblage
Ouverture des caisses contenant les éléments.
Dans l'atelier, les caisses ont été ouvertes, les différents fragments assemblés (à blanc) sur le plan de travail couvert de papier silicone.  Les plus grands éléments ont été mis sommairement en connexion au moyen de bandes adhésives posées au revers. 
Quelques fragments épars

Aplanissement des déformations de planéité
Les éléments de plus petites tailles ont été rangés à part pour compléter le puzzle ultérieurement.  D'emblée, nous avons pu constater que trois des quatre cotés de l’œuvre étaient bien manquants.  Qu'après l'amputation des cotés, la toile a été retendue  sur un châssis plus petit (traces de trous de clous dans la couche picturale).  En outre, de nombreux fragments de toile sont manquants.  La mise en place des éléments a cependant permis d’appréhender plus précisément l'état général du support et de la couche picturale, de connaître la dimension exacte de ce qui subsiste de l’œuvre et d'entamer un constat d'état précis.  Durant les deux premières semaines, nous nous sommes attelés à rétablir autant que possible la planéité de la toile. 
Corroyage de la surface de l’œuvre

Protocole de tests à sec
En effet, celle-ci, déposée de son châssis n'était plus soumise à aucune tension.  S'étant relâchée et contractée au gré des variations hygrométriques des lieux dans lesquels elle été conservée, de nombreux défauts de planéité marquaient la surface.  Nous savons qu'elle a été roulée puis vraisemblablement pliée, enfin, apparemment chiffonnées.  Le support toile et la couche picturale ont gardé en mémoire les traces de ces outrages.  L'essentiel des déformations de planéité ayant été résorbées, un corroyage a été tracé à l'aide de cordes sur l'avers, divisant l’œuvre en 81 secteurs de 50 cm de côté. Cette division arbitraire a pour but de localiser (en abscisse et ordonnée) plus aisément les divers types d'altérations et de répartir les zones journalières de travail.

CHAPITRE II : LES TESTS
Protocole de tests aqueux
Avant d'entreprendre les interventions de restauration à proprement parler, divers tests ont été effectués.  1°) Un dépoussiérage à sec de la couche picturale.  Diverses méthodes ont été testées: a) Spalter doux, b) Poudre de gomme (pH neutre) en chaussette, c) Gomme Wishab (tendre), Smoke sponge... Après les tests dits 'à sec", des tests aqueux ont été pratiqués.  Diverses éprouvettes utilisant chaque fois un agent tensio-actif ou un agent chélatant ont  été testées sur une zone discrète de l’œuvre.  Quelques prélèvement ont également été réalisé.  Ces derniers ont été insérés dans des inclusions de résines afin de pouvoir pratiquer ultérieurement des examens sous binoculaires et sous microscopes afin d’appréhender la stratigraphie de la composition. D'autres prélèvements ont également été prélevés pour les examens et analyses mico-chimiques (identification des charges, liants, pigments, résines etc.)

Amédée-Félix Barthélémy Geille (graveur)